Depuis 25 ans, la migration postnuptiale fait l’objet de suivis plus ou moins réguliers en baie de Somme au Banc de l’Ilette. Jusqu’à présent, le site n’avait jamais pu être suivi de façon rigoureusement quotidienne car tous les suivis réalisés l’avaient été uniquement dans le cadre du bénévolat. Pour en savoir plus et mettre en place un véritable dispositif de veille scientifique, Picardie Nature a décidé de mobiliser à la fois des salariés de l’association et des bénévoles qui continuent à être très impliqués. Une petite dizaine de bénévoles et 4 salariés se sont donc succédé sur le site pour assurer le suivi de cette année qui a débuté ponctuellement début août et s’est poursuivi quotidiennement du 20 août au 30 novembre ce qui représente un total de 535h10 de suivi réparties sur 101 jours.
L’association a également décidé pour la première fois cette année de mettre en place une session collective de suivi de la migration du 18 octobre au 6 novembre, grâce au recrutement d’écovolontaires. Ce sont donc une vingtaine de volontaires qui ont participé activement au suivi durant ces trois semaines. Les objectifs étaient de partager avec des observateurs passionnés le spectacle exceptionnel du phénomène migratoire, d’apporter aux personnes en charge du dénombrement une assistance technique en profitant des compétences des observateurs les plus aguerris, de contribuer à une formation réciproque des observateurs par le jeu des échanges de savoirs et d’expériences, d’organiser des observations complémentaires à celles pouvant être assurées par le seul « spotteur » en charge du dénombrement (réalisation d’observations simultanées sur d’autres sites en vue de mieux cerner comment le flux varie spatialement, recherche de passereaux sur des sites de halte migratoire ou d’hivernage (passereaux nordiques, ...), comptage de diverses espèces au dortoir, séances de guet à la mer, etc.).
Cette année, de très bonnes journées ont eu lieu avec par exemple plus de 2 500 Mésanges noires le 29 septembre, près de 5 000 Tarins des Aulnes le 5 octobre, 20 Busards des roseaux et 26 Buses variables le 7 octobre, 471 Pigeons colombins le 8 octobre, 100 Éperviers d’Europe le 9 octobre, 109 Alouettes lulu le 10 octobre, etc. Puis il y eu une succession exceptionnelle de trois jours de très gros passage les 29, 30 et 31 octobre. Au cours de ces trois jours, plus de 300 000 oiseaux ont été dénombrés avec notamment plus de 650 Alouettes lulu, environ 2 100 Mésanges noires, 114 000 Étourneaux sansonnet, près de 200 000 Pinsons des arbres et 12 500 Pinsons du nord, 3 500 Tarins des Aulnes, plus de 160 Bouvreuils pivoines, etc.
Au total, ce sont plus de 780 000 oiseaux qui ont été recensés au Banc de l’Ilette au cours de la saison, avec les espèces dominantes suivantes : Pinson des arbres (400 000), Etourneau sansonnet (260 000), Tarin des aulnes (près de 21 000), Mésange noire (près de 20 000), Pinson du nord (plus de 16 000). Bien d’autres observations remarquables ont été faites, allant d’un effectif record pour le site de plus de 2 400 Becs-croisés des sapins aux contacts avec des espèces peu notées voire rares sur le littoral picard : 31 Jaseurs boréaux, 14 Panures à moustaches, 7 Rémiz pendulines, 4 Bruants ortolans, 5 Pics noirs, 1 Pie grièche grise, 2 Pipits de Richard...
Par ailleurs, cette année encore, la baie de Somme a tenu son rang de site important, voire majeur, en France pour l’observation des autres espèces suivantes : Choucas des tours (8142), Alouettes lulus (1442), Bouvreuils pivoines (729) …
Thomas Hermant
Association régionale de protection de la Nature et de l'Environnement
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