La ferme « des 1000 vaches » est un projet d’élevage en Picardie qui tient plus de l’usine à lait et à fumier que d’une ferme agricole. Pour France Nature Environnement et Picardie Nature, ce n’est pas un projet acceptable, pour des raisons tant environnementales que sociales. Explications.
Un projet industriel dans une zone rurale et agricole
Cette ferme des 1000 vaches est un projet d’élevage hors-sol, porté par un industriel du BTP, qui concentrera dans un immense bâtiment 1000 vaches laitières et 750 génisses, associé à une usine de méthanisation. La finalité de l’élevage n’est pas tant la production de lait, par ailleurs destiné à l’exportation, que la méthanisation. Cette méthanisation sera alimentée par des déjections des vaches mélangées à 10 000 tonnes de boues de station d’épuration et de déchets d’industries.
Pour Patrick Thiery, président de Picardie Nature, « la méthanisation est le coup de peinture verte pour capter encore plus d’aides, notamment grâce au tarif de rachat de l’électricité. Ce projet détourne l’esprit de la loi sur le développement des méthaniseurs dans les exploitations agricoles. Le lait n’est plus qu’un co-produit de la méthanisation. »
En effet, selon l’ADEME, les unités de méthanisation à la ferme ont une puissance inférieure à 500 kWe, alors que celle prévue dans la Somme serait de 1500 kWe, une dimension industrielle avec des digestats exportés sur de longues distances, multipliant le trafic de camions. Il s’agit bien d’une installation de type industriel de 18 hectares implantée sur des terres agricoles.
De plus, la ferme des 1000 vaches, située dans le futur Parc Naturel Régional Picardie Maritime, est en contradiction avec cet espace que soutiennent tous les élus et qui a vocation à être un laboratoire de développement durable.
Un élevage à l’opposé du projet agroécologique
Ce projet des 1000 vaches est en totale contradiction avec le projet agroécologique de Stéphane Le Foll qui promeut la triple performance environnementale, économique et sociale.
La performance économique de cet élevage serait faible : une production agricole de masse à bas prix, une rentabilité assurée par un prix de rachat de l’électricité actuellement avantageux. Il s’agit d’une rentabilité en trompe-l’œil.
Sur le plan environnemental, c’est une contre-performance Une exploitation très peu en lien avec son milieu, des animaux en « zéro pâturage », loin des meilleures conditions du bien-être animal. L’exploitation aura recours à une importation massive d’aliments du bétail, notamment du soja OGM et aggravera manifestement la pollution de l’eau par les nitrates.
La performance sociale n’est pas non plus au rendez-vous puisqu’une telle installation défavoriserait l’installation de jeunes agriculteurs et entrerait donc en concurrence directe avec les emplois agricoles, dans un contexte où la France a déjà perdu la moitié de ses agriculteurs en 20 ans.
« Sans prôner le « small is beautiful » de manière caricaturale, l’agroécologie qui préserve l’environnement tout en dynamisant les territoires passe par de nombreuses exploitations à taille humaine, où l’agriculteur est au cœur de l’exploitation » explique Jean-Claude Bévillard, Vice-président de FNE en charge des questions agricoles.
Alors que la France est réputée pour son agriculture de qualité et ses produits typiques, ce projet est un premier pas vers une production standardisée, industrielle et sans saveur.
Pour Jean-Claude Bévillard « s’il arrivait à son terme, ce projet serait le très mauvais signal d’une évolution vers une agriculture industrialisée, sans lien avec les terroirs, destructrice des milieux naturels. Une telle fuite en avant vers une production de qualité médiocre nous conduirait dans le mur. FNE en appelle au gouvernement pour engager un vrai débat public sur la question et réexaminer fondamentalement ce projet avec toute la transparence dont il n’a pas fait preuve jusqu’à présent »
Picardie Nature sera présente ce dimanche 29 juin à la fête des Anti 1000 vaches, programme du grand rassemblement organisé par l’association NOVISSEN ce dimanche 29 juin avec ce lien.
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