La grosse industrie Americaine Monsanto [1]), leader mondiale des semences OGM et première productrice des désherbants à base de glyphosate, produit commercial plus connu par les consommateurs sous la désignation de Round Up a été condamné le 26 Janvier 2007 par le tribunal correctionnel de Lyon [2]. Accusé de publicité mensongère par la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, le produit Round Up présenté comme un herbicide propre et biodégradable, actuellement utilisé par une majorité d’agriculteurs et de jardiniers serait en réalité selon certaines études un produit toxique et dangereux pour l’environnement.
Les spots publicitaires diffusés sur de multiples chaînes de télévision en France et partout dans le monde par Monsanto véhiculent l’image d’un produit à dégradation quasi instantanée laissant le sol propre après usage. Allant dans le même sens, les étiquettes accolées aux emballages de cette gamme n’hésitent pas à présenter des allégations environnementales parmi lesquelles :
« 100 % biodégradable ».
« Propre ».
« Respecte l’environnement ».
« Efficacité et sécurité pour l’environnement ».
« Ne présente aucun danger pour l’homme et les animaux domestiques ».
Notons même que sur certaines étiquettes il est possible de trouver juxtaposé les mentions « respecte l’environnement » et « toxique pour les organismes aquatiques » [3].
Abusivement rassurants ces messages publicitaires répétés depuis les années 90 ont conduit le produit Round Up vers un monopole commercial. Il représente aux Etats-Unis 80% des parts du marché des herbicides et a engendré en France un chiffre d’affaire de 190 millions d’euros pour 2005.
Le Round Up est en réalité une solution commerciale composée d’un principe actif et d’un adjuvant :
La molécule de glyphosate constitue le principe actif responsable de l’effet herbicide recherché.
Les adjuvants sont des substances ajoutées au principe actif afin de renforcer son action ou de limiter les effets indésirables de la solution.
Le glyphosate est une molécule de 3ème catégorie, c’est-à-dire que son utilisation ne présente à priori aucun risque pour la santé humaine. Or l’étude menée aux Etats-Unis par la coalition nationale pour une alternative aux pesticides annonce que les adjuvants présents dans le Round Up, supposés inertes, rendent le produit actif et dangereux pour les organismes vivants.
Une étude similaire dirigée par le biochimiste Gilles Eric Seralini [4] de la commission du génie biomoléculaire Français affirme qu’il existe bel et bien un risque pour la santé humaine. Testé sur des cellules placentaires humaines, le glyphosate engendre pour des concentrations relativement faibles des perturbations du système endocrinien et pire encore, il augmenterait le risque pour les femmes enceintes de fausses couches et de naissances prématurées. Selon cette même étude, il semblerait que le produit commercial Round Up soit encore plus perturbateur que son principe actif seul.
L’équipe de recherche du CNRS de Roscoff dans le Finistère étaye les conclusions de G.E Séralini et ajoute même que le Round Up intervient sur des étapes clef de la division cellulaire et serait donc cancérigène.
Les risques pour la santé humaine sont de grande ampleur, il y va donc de même pour tous les organismes qui, dans la nature vivent exposés à cette substance.
Au delà de ces risques, ce « petit désherbant qui se dégrade instantanément » et qui fait de l’écologie son cheval de bataille est loin de laisser comme le montrent les pubs un sol propre.
Dix semaines après son utilisation, seulement 50 % de la molécule de glyophosate serait dégradée. Selon l’Union Européenne ce produit est classé comme « dangereux pour l’environnement » et « toxique pour les organismes aquatiques ». Dans 50% des rivières de Bretagne suivies par le Comité d’Orientation pour la Pollution des Eaux par les Pesticides, il semblerait que la norme réglementaire du glyphosate fixée à la limite de 0.1 μg/L ait été dépassée en 1998 et 1999. Or au delà de cette concentration, on remarque des effets graves sur les algues qui, à la base de l’écosystème aquatique deviennent incapables de photosynthétiser, le comportement des truites est perturbé, les mammifères qui consomment cette eau sont pris de convulsions et meurent et bien entendu, comme pour l’homme on observe des dérèglements de la reproduction chez des organismes très divers. [5]
Pour ces faits, le Tribunal Correctionnel de Lyon à condamné le 26 Janvier la société Monsanto à une amende de 15000 euros, soit le prix d’un spot publicitaire de 20 secondes sur TF1. Jugement qui n’a même pas remis en cause l’utilité des produits de la gamme Round Up. Une autre plainte déposée en 2001 par Eaux et Rivières de Bretagne n’a toujours pas aboutie.
NB : La molécule de glyphosate breveté depuis 1969 n’a jamais fait l’objet d’études préalables et sa mise sur le marché n’a jamais été contestée jusqu’à aujourd’hui. Après 35 ans de monopole, les premières études d’écotoxicologie sont en cours et, à vrai dire, les enjeux sont de taille puisque l’utilisation du glyphosate croît avec celle des OGM dont la majorité ont été conçu spécifiquement pour tolérer ce produit actif fatal aux végétaux.
Sources :
(1) Monsanto, qui est-ce ?
(2) 17/12/2006 Procès du Round Up : 15.000 euros d’amende requise contre Monsanto
(3) Procès Monsanto
(4) Chaos au Round Up (5) Samedi 27 Janvier 2007 ; 0,000079 % du chiffre d’affaire ... le prix de la vie
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