Nous avons pris connaissance du dossier présenté par la SARL Vent Invest relatif au projet d’implantation de 3 éoliennes sur le territoire de la commune de Berneuil (Somme), soumis aujourd’hui à enquête publique.
Nous nous sommes plus précisément intéressés à l’étude d’impact et bien que nous n’ayons pas d’à priori négatif sur le parc, nous estimons que cette étude est trop insuffisante et notamment sur les moyens mobilisés.
D’une manière générale elle suit de façon bien trop marginale les prescriptions des documents de cadrage tels que le Guide de l’étude d’impact sur l’Environnement des parcs éoliens (janvier 2005) édité et mis en ligne par le Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable et l’ADEME et le guide de l’ONCFS sur l’Impact des éoliennes sur les oiseaux , synthèse des connaissances actuelle (2002).
L’étude aurait gagné en clarté et en cohérence si elle avait suivit ces documents de référence notamment en ce qui concerne les modalités d’étude de terrain et les référentiels. En effet peu d’élément quant à la méthode de recueil des données (objectifs, modalités, état des recherches, référentiels ..) ont été donnés et l’absence d’étude des déplacement est un manquement fondamental.
Plus dans le détail nous avons relevés divers points qui ont suscité chez nous des interrogations ou des observations.
Dans la Partie 1-Résumé, des affirmations concernant les plans de déplacement de l’avi-faune auraient mérité d’être vérifiées. Contrairement aux idées reçues les déplacements ne se font pas systématiquement le long des vallées et le site n’est donc pas exempt d’être concerné par des déplacements migratoires. Seules de réelles études d’observation auraient pu permettre de l’affirmer.
Dans la Partie 3 – Etat Initial, les résultats de l’analyse faunistique sont fantaisistes : dire qu’« aucune espèce d’invertébrés, d’amphibiens, de reptiles ou de mammifères ne présente un statut de rareté significatif » ne veut rien dire et s’avère être faux.
En ce qui concerne le plan de déplacement de l’Autour des palombes, on souhaiterait rajouter que son milieu de prédilection s’avère plutôt être une alternance de milieux fermés et ouverts.
Dans la partie 5 – Impact, nous ne sommes pas d’accord avec le fait qu’au delà de 250 mètres, la perte de qualité des habitats n’est plus perceptible. Nous aimerions que l’impact soit considéré dans un rayon plus large et plus en adéquation avec la réalité.
Dans la partie 7 – Analyse des méthodes, nous avons regrettés de ne pas savoir à quels référentiels d’interprétation régionaux et nationaux les résultats de l’étude avaient été comparés.
En ce qui concerne la figure 2 : Liaisons biologiques locales et contexte migratoire (région Nord-Pas-de-Calais ), nous nous demandons quelle est la source de ce document car le sens des migration réel n’est pas celui qui est représenté sur cette figure. La figure 3 qui suit, ne présente pas plus de sources ou de références.
En définitive, le plan des déplacements principaux se basent sur des cartes peu pertinentes dont les données n’ont pas été vérifiées, et en désaccord avec les études faites par l’ADEME.
Dans le chapitre 2.4.1, contrairement à ce qui est dit, c’est à l’automne que les déplacements sont les plus visibles.
Au sous chapitre 2.4.1.4, nous aurions aimé connaître la méthode utilisé pour l’observation de l’avi-faune. Cela nous aurait permis de comprendre et de pondérer les résultats présentés.
En ce qui concerne le chapitre 2.4.3, sur les potentialités faunistiques du site, nous considérons qu’une analyse bibliographique à ces limites (lacunes des atlas et cela d’autant plus s’ils sont nationaux) et que rien en peut remplacer l’observation faite par un spécialiste qui aurait pu établir une liste exhaustive des espèces du milieu.
Par ailleurs, les documents présentés dans cette études (tableaux et cartes) sont souvent incomplets. On ne trouve pas de données de source ou de référence pour les tableaux 3, 9, 10, 11, 12 de l’analyse faunistique, des tableaux 14, 15 de la bioévaluation de la faune. Le tableau 9 quant lui présente une liste des espèces de reptiles différente de celle présentée habituellement. Pour le tableau 12, la rareté aurait du être aussi indiqué.
Enfin, au chapitre 3.2.1.3.2. on aurait attendu que la liste régionale de protection des oiseaux soit présentée (document en pièce jointe) or elle n’y est pas, ce qui représente une manquement important.
Au chapitre 3.2.2.6.2, nous n’avons pas trouvé les références du document présenté « d’après COP , 1996,Sueur 2004 » ce document n’existe vraisemblablement pas.
C’est avec une grande surprise, que nous avons pu lire au chapitre 3.2.2.5. que la vipère aspic pouvait être présente sur le site. Or cette espèce ne vit pas sous ces latitude, il s’agit sans doute d’une confusion avec la vipère péliade, cette erreur ne nous rassure pas quant au sérieux avec lequel a été fait cette étude.
Les conclusions de l’étude faunistique, sont très légères, quid des risques de collision et de perte d’habitat ? Il aurait fallu développer un peu plus ces aspects là.
Au chapitre 4.2.2.5. une liste d’espèces en déclin a été donnée. Les enjeux sont donc liés à ces espèces et on aurait donc attendu des explications plus fournies les concernant tout comme on se serait attendu à ce que la perte d’habitat soit considérée dans les impact directs du chapitre 4.2.2.5.1.
D’une manière générale les impacts sur les chiroptères on été peu détaillés : impact dus aux collisions lors de migration (les espèces se dirigeant alors « à l’aveugle ») ou lors de transition entre territoires de chasse et territoires de reproduction par exemple.
Au regard de ces différents éléments, il nous semble que les auteurs de cette étude fassent preuve de beaucoup trop de confusions et d’approximations quant à la compréhension de l’avi-faune (et cela à cause d’un nombre de jours d’observation vraisemblablement insuffisant) pour que nous puissions être assurés du sérieux avec lequel à été réalisé l’étude en rapport avec le projet d’implantation d’éoliennes à Berneuil.
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