Amiens, le 06 mai 2008
Monsieur le Commissaire-enquêteur,
Nous avons pris connaissance du dossier présenté par la société SARL Energy team relatif au projet d’implantation de 6 éoliennes sur le territoire de la commune de Vismes au val.
Nous nous sommes intéressés à l’étude d’impact et plus précisément au volet sur la faune volante. Bien que nous n’ayons pas d’a priori négatif sur le parc et aucune réticence au développement de l’éolien, nous estimons cette étude insuffisante sur plusieurs points.
l Seules quelques références bibliographique apparaissent dans le document. Hors pour les inventaires faune et flore, il est nécessaire de réaliser au préalable un travail bibliographique conséquent (études, publications, revue naturalistes...) permettant d’obtenir le plus d’information possible sur la faune et la flore d’une manière générale, mais aussi au niveau local. À partir de là, le bureau d’étude pourra organiser son travail en fonction des éléments qu’il a à sa disposition et de ce qu’il est susceptible de trouver sur le terrain. Il pourra ainsi réaliser un inventaire le plus complet possible.
l Le bureau d’étude met en avant d’autres projets éoliens déjà finalisés ou à venir à proximité de celui de Visme au val, mais il n’aborde pas l’aspect cumulatif de ces projets. Si un projet peut n’avoir qu’une influence limitée sur la faune sauvage, l’accumulation de projet peut avoir des conséquences plus importantes, notamment sur les possibilités de déplacement ou de migration de certaines espèces.
l Dans la présentation de l’état initial du site, le bureau d’étude mentionne l’existence page 42 d’une mare entourée de boisements au lieu dit le buguet. Aucune précision n’est donnée quand à la nature exact de cette mare et des espèces qui peuvent l’utiliser (amphibiens, libellule, chauve souris...). Ce type de milieux devenu trop rare sur des zones avec une forte activités agricole peut héberger de nombreuses espèces animales et végétales. Même si l’impact des éoliennes risque d’être nulle sur ce type de milieu il serait bon de la signaler afin d’éviter toutes dégradation lors des travaux.
l Concernant le volet ornithologique
seulement 4 prospections d’une demi-journée chacune ont été réalisées sur une partie d’un cycle annuel (une en février et 3 en avril). Cela est beaucoup trop insuffisant pour pouvoir caractériser assez précisément la faune volante.
(Rqs : Dans le document joint, nous présentons les éléments à prendre en compte pour réaliser un inventaire correcte et complet)
le Bureau d’étude cite l’étude réalisé par le GOP en 2003 dans le cadre du projet éolien de Maisnières, Frettemeule et Tilloy-Floriville situé à proximité. 90 espèces d’oiseaux ont été recensées sur une période similaire (le nombre de sortie n’est pas précisé) et lors de leurs prospections il ne trouve que 28 espèces d’oiseaux sur le site à proximité. Est ce que nous voyons là un effet de l’impact du projet éoliens de Maisnières, Frettemeule et Tilloy-Floriville ou alors est ce que l’étude réalisé en 2007 pour ce projet n’a pas été menée dans de bonne condition ?
le bureau d’étude signale la présence ou le passage d’espèces d’oiseaux des milieux aquatiques sur le site (Grand cormoran, Goêlands...). Nous avons donc là un site utilisé par les oiseaux pour leurs déplacements journaliers entre diverses zones présentes à proximité comme la vallée de la Bresle et la vallée de la Vimeuse. La carte présentant un axe de déplacement sur le site paraît donc peu crédible et est loin d’être complète.
Les différentes espèces en présence au cours de l’année n’ont pas pu être observées et encore moins leurs plans de déplacement et de stationnement. Ce qui constituent pourtant des éléments fondamentaux et indispensables pour évaluer par la suite l’impact des éoliennes sur ces espèces.
l En ce qui concerne l’étude des chiroptères (chauves-souris).
Pour la réalisation des études sur les chauves souris nous nous basons sur le protocole SFEPM (Sociète Francaise pour l’Etude et la Protection des mammifères) d’études écologiques des projets éoliens, qui est la référence nationale et sur le protocole eurobat réalisé au niveau européen.
Le bureau d’étude se base sur les données ZNIEFFS et Natura 2000 des zones présentes à proximité du site pour établir un pré diagnostic. C’est une première chose mais ce n’est pas suffisant. Pour pouvoir réaliser une synthèse exhaustive des données existantes et donc des enjeux potentiels sur la zone il faut travailler sur 10 km autour du projet. Sans compter une synthèse sur les enjeux à 20 à 30km autour du projet pour tenir compte des capacités à parcourir de longues distances de certaines espèces. Le travail doit porter sur les espèces, les milieux mais aussi la recherche de sites d’hibernations ou de reproduction.
Pourquoi ne se réfère t-il pas à l’étude sur les chiroptères qui a dû être réalisée dans le cadre du projet éoliens de Maisnières, Frettemeule et Tilloy-Floriville comme il le font pour les oiseaux ? Ils ne font aucune référence à des études réalisées par des groupes chiroptérologique de Picardie.
Le bureau d’étude présente dans son rapport le cycle complet d’activités des chauves souris, qui s’étale sur toute une année avec des périodes de migration et de reproduction.
Il signale que le site de Visme au val se situe en bordure d’une des zones les plus intéressantes pour les chiroptères dans le département où ont pu être observées pas moins de 8 espèces de chauves souris très rares, rares à peu commune. Ils mettent en avant le potentiel migratoire ou de déplacement de certaines de ces espèces et lors des recherches sur le terrain, il ne réalise qu’une seule sortie de nuit en octobre alors que plusieurs sont recommandées. 4 à 6 minimum pour un projet de cette ampleur, réparties tout au long de l’année avec détection ultrasonique au printemps en été et en automne et des visites de sites d’hibernation en hivers.
Aucune analyse des axes de migration et des déplacement sur site n’est présenté.
Aucune référence sur le matériel utilisé pour faire les écoutes de nuit. Certains appareil type batbox 3 ne permettent pas de distinguer toutes les espèces présentes.
Cette méconnaissance sur les chiroptères et les oiseaux, et leurs déplacements sur le site, peut conduire à des choix parfois inadaptés d’implantation de certaines éoliennes qui peuvent gêner leurs déplacements et augmenter les risques de collisions. Pour exemple l’éoliennes implantée à proximité de la mare boisée au lieu dit le buguet et d’autres à proximité du fossé à héron. Les zones boisées étant des sites de chasse privilégiés pour les chiroptères.
Au regard de ces différents éléments, il nous semble que les auteurs de cette étude oublie certains aspects important comme la prise en compte de l’effet cumulatif de projets sur la zone et fassent preuve de beaucoup trop d’approximations quant à la connaissance de la faune volante pour que nous puissions être assurés qu’il n’y aura pas d’impact important sur celle-ci.
Demeurant à votre disposition, nous vous prions de croire, Monsieur le Commissaire-enquêteur, en l’assurance de nos salutations respectueuses.
Association régionale de protection de la Nature et de l'Environnement
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