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> Energie, Gaz à effet de serre, Politique & Société, Recherche, Climat
Le 17 février 2012 par Valéry Laramée de Tannenberg
Le bilan carbone de l’exploitation du gaz naturel, et particulièrement celle des gaz non conventionnels, s’alourdit. La première charge avait été lancée par Robert Howarth. L’an passé, ce chercheur de l’université Cornell avait calculé que le bilan carbone des gaz non conventionnels pouvait être moins bon que celui du charbon (alors que la combustion du charbon est près de deux fois plus émettrice que celle du gaz naturel).
En cause : le taux de fuite supposé du méthane extrait par fracturation hydraulique. Dans son article, publié en mars 2011 par Climatic Change, le scientifique évalue le taux de fuite entre 3,6 et 7,9%. Or le pouvoir de réchauffement global du méthane est 25 fois supérieur à celui du gaz carbonique, si l’on regarde à un siècle, et 80 fois supérieur, pour une période de 15 ans. Mais la durée de vie moyenne du méthane dans l’atmosphère est de 12 ans, nous rappellent Benjamin Dessus, Bernard Laponche et Hervé Le Treut, dans un article paru dans La Recherche.
En prenant un pouvoir de réchauffement global conforme à sa durée de vie, Robert Howarth estime donc que le bilan carbone de l’extraction et de la combustion des gaz de schiste est pire que celui du charbon.
Cette conclusion a, bien sûr, été contestée, notamment par le secteur gazier. Ce dernier considère comme très exagérés les taux de fuite calculés par Robert Howarth.
Une nouvelle étude, à paraître dans Nature, semble pourtant lui donner raison. Dirigée par Gabrielle Pétron, une équipe de chercheurs de la NOAA et de l’université du Colorado a caractérisé les émissions gazeuses (méthane, alcanes, benzène) des 20.000 puits extrayant des gaz de schiste, situés à proximité de Denver. En menant une importante campagne de mesures, avec une tour fixe et un laboratoire mobile, les scientifiques ont précisément évalué les rejets gazeux de l’exploitation locale du gaz. Ces résultats ont ensuite été comparés aux inventaires régional et national d’émissions gazeuses. Surprise : les mesures faites par la scientifique française et son équipe montrent des rejets deux fois plus importants que ceux de l’inventaire officiel.
Dit autrement, les taux de fuite de méthane des puits seraient au moins de 4% et non de 2%, comme recensé officiellement. Si ce résultat se confirmait, il donnerait raison à Robert Howarth et à Tom Wigley. Dans un article, publié le 26 août dernier dans Climatic Change, le scientifique du NCAR américain affirme que substituer le gaz de schiste au charbon accélérerait, au moins pendant 40 ans, le renforcement de l’effet de serre. Ce qui n’est pas le but recherché.
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