Alors que les données actuelles sur le comportement carbone sont déduites d’analyses de niveau macroscopique, l’Observatoire du Bilan Carbone des Ménages réalisé par Ipsos / Logica Business Consulting pour Green Inside a choisi de placer le ménage au cœur de son objet d’enquête. Issues d’une étude réalisée auprès d’un panel de 2000 ménages représentatifs de la population française, les informations récoltées ont permis de scanner les foyers français en matière de transports, de logement et d’alimentation.
L’impact désormais important des voyages en avion sur le bilan carbone des foyers
Le bilan carbone global moyen des ménages mesuré par l’Observatoire se situe aujourd’hui à environ 7 388Kg Co2 par individu. Le poste transport constitue à lui seul plus de la moitié des émissions des foyers (54%, soit 3 972 Kg Co2 par individu), loin devant le logement (30%) et l’alimentation (16%). L’usage des véhicules personnels est à l’origine de la très grande majorité des émissions de C02 au sein du poste transports (79%). Les transports en commun ne comptent que pour 1% d’entre elles. La grande surprise réside dans l’importance des émissions liées à l’avion : elles pèsent aujourd’hui 19% des émissions totales du poste transport. Elles sont cependant très inégalement réparties au sein de la population.
Les 18-24 ans et les plus de 65 ans ont les bilans carbone les plus élevés
Le niveau d’émission des plus jeunes est de 8373 Kg Co2 chez les plus jeunes. Le niveau d’émission atteint son plus bas niveau sur la tranche d’âge 35-44 ans (6028 Kg Co2). Entre la tranche d’âge des 45-54 ans et celle des 55-65 ans, le niveau d’émission augmente en moyenne de 2171 Kg Co2. Auprès des 65 ans et plus, il augmente encore pour atteindre 9092 Kg Co2. L’usage du véhicule individuel chez les plus jeunes et la dimension des logements et des transports loisirs (avion) chez les plus âgés en sont les premières causes.
Une personne vivant seule émet trois fois plus de Co2 qu’une famille nombreuse
Les foyers d’une personne affichent aujourd’hui un bilan carbone très élevé de 10 685 Kg Co2 par individu (contre 7388 Kg Co2 pour l’ensemble de la population) alors qu’il est bien plus bas pour les foyers de 3 et 4 personnes (respectivement 5436 et 4612 Kg Co2 par individu), voire de 5 personnes et plus (3221 Kg Co2). Le fameux troisième enfant n’entraîne ainsi pas une hausse sensible des émissions des ménages.. A l’inverse, les personnes seules représentent 55 % des mauvais bilans carbone (11849 Kg Co2 et plus)
Le type d’agglomération où le bilan carbone est le moins fort : entre 100 000 et 200 000 habitants
Plus la taille de l’agglomération est faible, plus le niveau des émissions de Co2 tend à augmenter : L’impact des usages liés à l’automobile y est légèrement plus important (84% pour les individus habitant dans les agglomérations de moins de 20 000 habitants contre 82% pour celles de 20 000 à 99 999, 81% pour celles de 100 000 à 199 999 habitants et seulement 72% pour les plus grosses, celles de 200 000 habitants et plus). Le bilan carbone des foyers habitant dans les plus petites catégories d’agglomérations (moins de 20 000 habitants) est le plus élevé : 4352 Kg Co2 contre 3495 Kg Co2 pour celles comprises entre 100 000 et 199 999 habitants. Malgré un impact moindre des usages liés à l’automobile, les plus grosses catégories d’agglomérations affichent aujourd’hui un bilan carbone très légèrement supérieur à celui des agglomérations comprises entre 100 000 et 200 000 habitants, principalement dû l’usage accru de l’avion dans les plus grosses agglomérations.
Les foyers disposant des niveaux de revenus les plus élevés affichent en moyenne les bilans carbone les plus mauvais
La quantité de CO2 est clairement croissante avec le niveau de vie et plus spécifiquement avec la capacité à consommer des loisirs. Le bilan carbone par individu est notablement plus élevé au sein des foyers des cadres supérieurs (8580 Kg Co2 par individu contre 7388 Kg Co2 pour l’ensemble). Ils affichent notamment une nette différence dans le domaine des transports avec des niveaux d’émissions sensiblement plus élevés (5249 Kg Co2 par individu contre 3972 Kg Co2 pour l’ensemble). Les cadres supérieurs et les retraités alourdissent leur bilan carbone par l’usage fréquent de l’avion pour leurs loisirs : 59 % des cadres supérieurs et 40 % des retraités font au moins 1 voyage en avion au cours de l’année. L’avion pèse ainsi 38 % des émissions transport des cadres supérieurs et 31% de celui des 65 ans et plus.
Précarité énergétique : les retraités et les cadres supérieurs à l’abri, les ouvriers et les ménages modestes surexposés.
Les ménages les plus modestes (moins de 1250 euros nets mensuels) ont les bilans carbone les plus faibles par rapport aux autres catégories de revenu. Les ouvriers, sont aussi les plus exposés à la hausse du prix de l’énergie : leur indice de précarité énergétique s’élève à 1089 KgCo2/K€ (ouvriers) contre 704 KgCo2/K€ pour les cadres supérieurs et 663 KgCo2/K€ pour les retraités. On peut lire ici une source d’inégalité carbone majeure : les populations ayant les bilans carbone les plus élevés sont aussi les moins sensibles à l’augmentation du coût de l’énergie.
La sensibilité environnementale individuelle a aujourd’hui encore un
impact modéré sur le bilan carbone des foyers
Sur les 16 affirmations qui leur étaient proposées afin de mesurer leur sensibilité aux problématiques environnementales (portant sur l’état de la planète, le réchauffement climatique, l’impact environnemental des produits de consommation, le tri,..), 13 d’entre elles recueillent un assentiment majoritaire. Le lien entre sensibilité environnementale et niveau d’émissions de CO2 est avéré mais reste aujourd’hui encore très modéré. Il y a très peu de différences entre les niveaux d’émissions des personnes ayant une sensibilité « médiocre » et celles ayant une sensibilité « moyenne » (respectivement 7555 et 7479, soit seulement 76 KgCo2 de différences). Les personnes affichant un « bon » niveau de sensibilité environnementale ont certes un meilleur bilan carbone que celles ayant une sensibilité « moyenne » mais là encore, la différence est peu importante (7066 Kg Co2 par individu).
Les actions dans lesquelles les ménages sont les plus prêts à s’investir pour diminuer leur niveau d’émissions de Co2 : d’abord le poste logement
D’abord des gestes et des investissements au sein du poste logement (équipements et énergie). Ils citent en priorité ceux permettant de réduire l’impact environnemental des équipements comme par exemple éteindre les appareils plutôt que de les laisser en veille (39% pourraient s’engager à le faire systématiquement ou presque) ou encore acheter des produits en fonction de leur étiquette énergie (38%). Le potentiel des gestes permettant de diminuer la consommation d’énergie et d’eau est aussi relativement important. Ils sont plutôt bien connus des personnes interrogées. Ils citent en priorité le fait d’éteindre les lumières dès qu’ils quittent une pièce (39% pourraient s’engager à le faire systématiquement ou presque – 56% disent déjà le faire) et l’utilisation des ampoules basse consommation (34% - 46% disent déjà le faire) ou de réducteurs de débit pour l’eau ou encore la diminution de la taille de la chasse d’eau (30%).
Fiche technique
L’enquête a été réalisée du 26 mai au 3 juin 2010 auprès d’un échantillon de 2036 personnes, constituant un échantillon national représentatif de la population des foyers français. La représentativité de l’enquête est assurée par la méthode des quotas (sexe, âge et profession du chef de famille, taille du foyer, catégorie d’agglomération et région).
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