Prise en compte des chauves-souris dans le plan de gestion de la Réserve naturelle nationale des étangs du Romelaëre

De 2015 à 2017, dans le cadre de l’opération SE18 (« Actualiser l’inventaire des chiroptères ») du plan de gestion de la Réserve naturelle nationale des Étangs du Romelaëre, Eden 62, gestionnaire du site, a réalisé un inventaire des chiroptères à l’aide d’un batcorder (enregistreur automatique d’ultrasons). L’objectif était de réactualiser la liste des espèces fréquentant la Réserve et d’ouvrir des pistes de réflexion pour des études plus précises sur l’utilisation du site par les chauves-souris.

En 3 ans, un peu plus de 19 000 contacts ont été récoltés sur 33 nuits. Les lieux de pose de l’enregistreur ont été choisis de manière à tenter de couvrir les différents habitats du site. En moyenne, 633 contacts ont été enregistrés par nuit, ce qui montre une activité plutôt élevée. Le maximum ayant été une session de 2015 s’élevant à 3706 contacts. Un premier tri des sons récoltés a été effectué par Eden 62 qui a ensuite demandé une prestation à la Coordination mammalogique du nord de la France (CMNF, Simon Dutilleul) pour une analyse plus fine de certains contacts.

Au total, 14 espèces ont été recensées [1] . On notera la première donnée dans l’Audomarois de la Pipistrelle pygmée et la très probable présence de la Pipistrelle de Kuhl. D’autres espèces, déjà connues sur le secteur, sont néanmoins très intéressantes comme les oreillards, le Murin d’Alcathoe et le Murin de Brandt. Enfin, pour finir cette analyse, une carte des activités des chiroptères sur les différents points a pu être établie afin de montrer les secteurs les plus fréquentés.

Cette démarche a permis d’améliorer les connaissances sur ce groupe pour la Réserve et a été intégrée dans l’élaboration du nouveau plan de gestion 2022-2026. Les enjeux ont pu être mieux définis ainsi que les orientations de gestion concernant les chiroptères. Une attention particulière sur la conservation des vieux arbres et le développement des effets lisières sur le site est bien sûr de mise mais l’action essentielle reste le maintien des corridors permettant aux chauves-souris de transiter des zones de gîtes (boisements ou bâtis), situées sur le pourtour du marais, jusqu’à la Réserve qui joue un rôle important pour leur alimentation.

Côté amélioration des connaissances, un protocole sera mis en place pour suivre l’activité des chiroptères à l’aide du batcorder sur 8 points du site, dans 4 habitats différents, et cela 2 fois par an (inspiré du Vigie-chiro point fixe). De plus, une recherche du Murin des Marais aura lieu chaque année au printemps et à l’automne afin de détecter un éventuel passage sur la Réserve lors de ces déplacements saisonniers. Ce suivi est d’ailleurs déjà en cours en cet automne 2021.

Rédaction : Bruno COSSEMENT, Chargé de mission Opérations transversales à Eden 62
Crédit photo : Eden 62.